Home Événement [CULTURE] Les matsuri du jardin d’acclimatation séduisent un nombre exceptionnel de visiteurs !

[CULTURE] Les matsuri du jardin d’acclimatation séduisent un nombre exceptionnel de visiteurs !

by Celia Cheurfa

Du 20 au 22 octobre 2018, dans le cadre des Japonismes 2018, se sont déroulés au Jardin d’Acclimatation des masturi exceptionnels en France. L’événement était l’occasion d’accueillir près de 300 artistes tout droit venus de préfectures japonaises et de les voir défiler à l’occasion de 7 grandes fêtes.

Les matsuri sont des festivals populaires traditionnels japonais qui constituent la fierté des villageois et réunissent chaque année des milliers d’habitants afin de célébrer les cultes spirituels shintô et par la même occasion le folklore des localités. Beaucoup de festivités accompagnent ces matsuri, comme des stands de nourriture, des spectacles et autres activités qui permettent de rassembler les populations entre elles.

Le Jardin d’Acclimatation se situe au nord du Bois de Boulogne. À son origine en 1852, il était destiné à être un parc animalier et c’est à partir de 1930 qu’il se reconverti en parc de loisirs et qu’on y a installé des attractions. Différentes promenades et univers cohabitent. Vous pouvez notamment y retrouver le Jardin de Séoul, espace dans lequel on peut retrouver une architecture qui rappelle les jardins des palais de Séoul.

Pendant ce week-end spécial, le parc s’est donc japonisé. À travers ce voyage, on pouvait retrouver des éléments qui faisaient référence au Japon, telles que les affiches japonaises de films. À une des extrémités du parc, la grande statue Tachi-Neputa trônait et annonçait l’entrée d’une allée remplie de yatai (petits stands ambulants). Un village japonais à l’allure du quartier d’Asakusa a été reconstitué de manière à présenter le Japon dans sa diversité et ses différentes préfectures. Dans ces yatai, on pouvait retrouver des spécialités culinaires japonaises comme des mochis, des takoyakis ou encore des karaage. Pour les plus curieux, la dégustation de saké était une étape obligatoire de leur ballade. Les plus téméraires eux, devaient parfois faire la queue pendant près d’une heure pour goûter aux spécialités de certaines régions et victimes de leur succès, certains stands ont dû fermer leurs portes avant 18h le samedi soir, invitant les gourmands à revenir le lendemain.

Plusieurs yatai étaient réservés à la vente de produits locaux comme la vaisselle japonaise, les tissus traditionnels ou les objets en bois, et présentaient les traditions propres aux régions japonaises. Ainsi, on retrouvait des boutiques bien connues des amateurs de la culture et de la gastronomie japonaise : la boutique Yodoya, Ma bento, Doko, Miyakodei, Lupicia, Kunitoraya ou encore Nakagawa. Au détour d’une dégustation, on pouvait finir par investir dans un kimono

L’objectif était aussi de présenter les différentes préfectures et de souligner la richesse du Japon au-delà des villes bien connues. Parmi les délégations présentes, on pouvait alors retrouver des représentants de Shimane, d’Okinawa, de Kobe ou encore de Nara. Chacune des préfectures mettait à disposition du public un certain nombre de brochures afin de les renseigner au maximum sur les particularités de leur région. Certaines mêmes s’adonnaient à des démonstrations de calligraphie, telle que Kobe-Himeji.

Bien évidemment, les grandes agences de voyages et autres entreprises ne manquaient pas à l’appel, telles que Japan Airlines ou encore All Nippon Airways et occupaient ainsi les derniers stands afin de promouvoir un éventuel voyage au Japon ! Les réactions se sont avérées très positives, puisque le public a apprécié et s’est laissé porter par sa curiosité face à ces régions. Certains mêmes anticipaient déjà leur prochain circuit au Japon. 

Chacun des festivals et danses traditionnels se déroulaient au moins deux fois dans le week-end. Le premier était le Awa-Odori, traduit comme la “danse des fous” et interprété par la préfecture de Tokushima, préfecture du sud du Japon. Originellement, depuis près de 400 ans, c’est entre le 12 et 15 août que des centaines de danseurs défilent dans les rues de Tokushima et interprètent cette “danse des fous” aux sons des instruments traditionnels. Distingués par catégories, les danseurs, accompagnés de leur uchiwa et les musiciens,  nous ont montré la particularité de cette danse, leur synchronisation nécessaire et leur musicalité.

Nous avons aussi pu nous laisser porter par la Sansa Odori et l’Onikenbai, présentés par la préfecture d‘Iwate, au nord-est du Japon. C’est sur la grande scène qu’a eu lieu la démonstration d’Oni-kenbai, “la danse de l’épée du démon“. Au son des percussions, les danseurs  ont fait une démonstration de force et de technique. Les visiteurs ont ensuite pu profiter de la Sansa Odori, danse née dans la ville de Morioka à la suite de la célébration de la fuite du démon qui hantait le château de la ville.  Traditionnellement,  au début du mois d’août, une troupe de danseurs défile en portant des masques qui représentent les visages des dieux en colère.  Cette fois-ci, le 20 et 21 octobre, une troupe de miss, de danseuses et de musiciennes habillées de kimonos colorés a traversé le jardin aux sons des taikos avant de s’arrêter devant la statue de Tachi-Neputa, l’immense char en papier qui nous saisissait dès l’entrée dans le festival. Installées en cercle, une des danseuses a alors expliqué à la foule comment danser une partie de la Sansa Odori. Elle a ensuite invité le public à rejoindre le cercle pour danser tous ensemble. Les musiciennes ont recommencé à jouer, suite à quoi les festivaliers ont dansé avec elles.

Place le samedi et dimanche, en fin de matinée et début d’après-midi au festival Shingen-Ko, présenté par la préfecture de Yamanashi, à l’est du Japon. Le festival shingen-ko, considéré comme le défilé traditionnel des samouraïs, est célébré le 12 avril afin de commémorer la mort du daimyo (un grand seigneur de la guerre) Takeda Shingen. Les organisateurs du festival avaient fait appel aux Français afin d’augmenter le nombre de participants au défilé. Ce défilé était donc très intéressant puisqu’il mêlait à la fois des délégations nippones et des délégations françaises sur une fête des plus puissantes. Armés de leurs sabres, les samouraïs amateurs ont alors fait la démonstration des valeurs portées par les armées traditionnelles japonaises, autrement dit les valeurs de respect et de dignité.

Le festival a été organisé de manière à ce que les matsuri ne s’enchaînent pas et que les visiteurs puissent profiter du grand marché et même faire un tour dans le Jardin d’Acclimatation. La grande scène décorée de la bannière Japonismes était placée sur un immense espace vert, et les visiteurs pouvaient alors profiter pour grignoter quelques plats traditionnels japonais ou pour visiter aussi la Fondation Louis Vuitton, située juste en face.

Les après-midis du dimanche et du lundi étaient consacrées au grand festival Kasuga Wakamiya On Matsuri, porté par la préfecture de Nara. Il s’agit d’un rituel qui existe depuis près de 900 ans, qui réunit des représentations de kagura, de chants qui rendent cultes aux dieux, de bugaku, de la musique de cour, mais aussi plusieurs danses que les visiteurs ont pu apprécier pendant 2 heures. Etant donné que cette festivité était la plus longue, une animatrice a pris la parole au milieu de la représentation afin de donner de plus amples explications. Le rituel de Nara commence le soir et dure près de 24 heures, tandis que la parade commence le matin qui suit la cérémonie, davantage consacrée aux offrandes aux dieux dans le temple de Wakamiya, situé dans l’enceinte de Kasugame. La parade réunit traditionnellement près de 1 000 personnes et 50 chevaux. L’animatrice a alors expliqué que trois rites étaient proférés pendant ce festival : la sarugaku, traduit comme “musique du singe“, qui correspond à une espèce de cirque traditionnel, le gagaku, qui quant à lui correspond à la musique traditionnelle de cour du Japon et qui est considéré comme de la musique raffinée et le kagura, danse théâtrale par les “prêtresses“. Si c’est sur la scène principale que s’est déroulée la cérémonie, les visiteurs ont aussi pu profiter des défilés inhérents à ces cérémonies, avec les grands objets portés et les chants en chœur.

Le samedi et le lundi, la ville d’Ichikawa à l’est du Japon a défilé pour la parade de Mikoshi qui consiste à porter ces autels appelés mikoshi dans lesquels sont placés les divinités. Cette parade donnait l’occasion de voir la beauté de ces petits temples construits de manière artisanale. Les japonais sont très sensibles dans ces cérémonies qui honorent les kami, ils font attention aux moindres détails, à la moindre fantaisie et veulent à tout prix rendre culte aux dieux avec beaucoup de conscience artistique. Le travail manuel et artisanal est ancré dans la tradition japonaise et témoigne de la sensibilité et de la conscience des Japonais pour leur environnement.

Le dimanche et le lundi, en fin d’après midi, pendant une heure, la préfecture de Kochi a défilé pour le Yosakoi masturi, apparu à Kochi en 1954 comme une danse interprétative de l‘awa-odori et traduit comme “vient la nuit“. Les danseurs, des femmes pour la plupart, ont fait preuve de toute l’énergie et la joie portées lors de ce festival. Vêtus de yukata très colorées, les femmes ont célébré l’apogée des quartiers commerçants de la ville aux sons des narukos, ces petites percussions de bois traditionnelles, qui rythment et donnent davantage de puissance à la danse.

Enfin, ce qui marquait le clou du spectacle du samedi et du dimanche était sûrement la fête de Tachi-Neputa. Traditionnellement ces chars de 12 mètres de haut étaient construits comme preuves de la richesse des marchands qui les finançaient dans la région de Goshogawara. Vers la fin du vingtième siècle, les neputa se sont ancrés dans le folklore du pays. Chaque été, les locaux transportent ces immenses chars lumineux faits de papiers colorés. À l’occasion de la 21ème célébration de la fête de Tachi-Neputa, le char installé dans le Jardin d’Acclimatation s’est illuminé à la tombée de la nuit avant de se promener à travers le parc. Une troupe de danseur annonçait l’arrivée du char, les curieux pouvaient alors voir l’impressionnante construction et étaient invités à la suivre. Ce défilé a ainsi prouvé à quel point les Japonais voyaient grand lors des matsuri et à quel point les objets de cultes devaient refléter toute la grandeur des divinités. À la tombée de la nuit alors, le Tachi-neputa s’est animé et a fait objet d’une grande admiration. 

Le festival a donc rencontré un succès phénoménal, et a permis à la plupart des visiteurs qui sont venus ou non spécialement pour les matsuri de voir au-delà des idées connues sur le Japon, de plonger directement dans la richesse de son histoire, dans ses traditions médiévales et ainsi de comprendre la dimension spirituelle inscrite dans son art, et profiter par là des sonorités, des festivités populaires et des traditions religieuses japonaises.

Sources : Site du jardin d’acclimatation

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