Home Corée du Sud Le tatouage autrement : enquête auprès de Nomade Tattoo

Le tatouage autrement : enquête auprès de Nomade Tattoo

by Celia Cheurfa

A Lyon, le tatouage se découvre en évasion avec Nomade Tattoo : la chaîne coréenne maintenant implantée en France. Le début d’une nouvelle aventure pour ces tatoueurs venus d’ailleurs.

Sur les quais serpentant le centre-ville de Lyon, intermèdes séparant les édifices colorés du vieux Lyon du centre contemporain, un curieux salon attire notre attention. Le quartier fourmille de shops de tatouages, mais pour des néophytes comme nous, celui-ci a de l’éclat en lui. Et pour cause, en y entrant, c’est un départ imminent pour la Corée que vous signez. Surprise, Nomade Tattoo, la chaîne de salons de tatouage la plus populaire de Corée nous fait l’honneur d’ouvrir son premier salon à l’étranger dans la ville des Lumières. Un auspice loin d’être hasardeux qu’il faut de fait corréler au récit autobiographique du patron, Youcheol pour qui Lyon est un écrin de mémoires d’enfance, une madeleine de Proust.

« L’objectif est d’en ouvrir un tous les ans au cours des 10 prochaines années en France et en Europe », nous explique Guillaume, son bras-droit, consultant et ami. 2016. Une rencontre  fortuite et inspirante. Une amitié loyale se tisse entre les deux, avant un partenariat, imaginé en 2020, accompli dès novembre 2021.

En Corée, on les appelle les Nomadists. Ces 400 tatoueurs déambulant à travers les 14 salons qui constituent la chaîne. 14. Imaginons un peu ce que cela représente dans un pays où la pratique du dessin sur corps est encore victime de prohibition. Un exploit, en somme. Forcément, l’ambition est à la hauteur des aboutissements déjà recensés. Youcheol est un personnage atypique. Ses tatoueurs, aussi. Dans ce local réaménagé, une dizaine d’entre eux ont déjà laissé leur empreinte. La collaboration s’organise en vagues successives d’artistes envoyés sur le terrain tous les trois mois pour y séjourner un temps, à commencer par des grands noms du tatouage en Corée, des ambassadeurs, tels qu’Illang Tattoo, installé depuis le 5 janvier.  Beaucoup se délectent de fouler le sol français pour confronter leur art au regard aguerri des aficionado du tattoo. Même si c’est éphémère. Un départ pour certains, une arrivée pour d’autres. Un passage.

Comme l’explique Guillaume, “En France, on choisit un tatoueur. En Corée, c’est un peu différent, c’est un style de tatouage qu’on sélectionne.” Réalisme, noir et blanc, couleur, métaphores en dessin sont des crédits que tous les tatoueurs coréens ont déjà à leur actif. Une chose en plus à leur attribuer tient de cette audace à sortir des sentiers battus pour s’adapter à la demande tout autant que cette humilité devant la quête de perfection. Le salon est agencé de façon à promettre un cadre chaleureux. Tous les artistes sont dans la même salle, paravents en supplément pour respecter l’intimité des tatoués, mais le bruit des aiguilles n’est ni anxiogène, ni bourdonnant. Et même si les tatoueurs ont une vue imprenable sur les œuvres de leurs pairs, aucun jugement, aucune critique et aucun avis ne sont donnés, au gré du respect quant au travail de chacun. 

Dans l’arrière-salle, le lieu de sociabilité des artistes, Guillaume nous confie qu’un prochain salon de tatouage ouvrira ses portes à Nice. La raison d’une telle sélection géographique ? La proximité avec l’Italie, un pays de choix. Très sollicité grâce à sa publicité ciblée sur Instagram, Nomade cherche donc à s’adapter au marché français tout en conservant son identité coréenne. Les rythmes diffèrent et les échanges entre collaborateurs français et coréens paraissent essentiels pour ajuster Nomade à un tout autre marché, avide de nouveaux talents. En dépit des petits couacs inévitables à une installation aussi rapide, Nomade forme une véritable famille. Démonstration lors de la Convention de Tatouage à Lyon où les quatre artistes participants (Mia Dmax, Dandy et Jenny B ) sont tous ressortis victorieux grâce à des tatouages originaux, avec ce souci du détail propre au travail des coréens. Une collab’ entre Dmax et JennyB, deux tatoueuses aux techniques hétérogènes, s’est même vue franchement saluée. C’est dire à quel point la France est prête à les accueillir.

Parlons-en des techniques ! Chez Nomade, la création originale, primordiale, chapeaute la majorité des dessins, même si les tatoueurs tiennent à rester flexible en adaptant les designs dans le cas d’une requête faite au préalable par le tatoué. Guillaume nous affirme que le travail de certains tatoueurs se fait encore à main levée sur le corps. Un sacré boulot en d’autres termes.

Plus besoin donc de filer jusqu’en Corée pour se faire tatouer -même si on conseille évidemment d’y faire un tour-. Le salon Nomade s’invite chez vous avec tout ce qui fait sa renommée : une élégance, un cran, une polyvalence et une minutie à couper le souffle. Le tatouage se vit désormais autrement, en écho aux expériences d’artistes venus de loin, curieux de parfaire leur savoir-faire et surtout, heureux de pouvoir exercer librement leur passion. 

Infos pratiques 

Réseaux sociaux : Nomade FranceNomade Corée

Réservation : Par DM (auprès des tatoueurs ou du shop), par mail

Adresse : 61 Quai Saint-Vincent, 69001 Lyon

Crédits photos : Nomade France

 

 

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