Home Dossier presse [INTERVIEW] La musique est une affaire de famille pour les deux frères prodiges de la guitare, TarO & JirO !

[INTERVIEW] La musique est une affaire de famille pour les deux frères prodiges de la guitare, TarO & JirO !

by Celia Cheurfa

The interview is also available in English on the second page !

Virtuoses de la guitare, enfin prêts à accepter l’idée qu’il est impossible d’être parfaits, les frères TarO&JirO sont loin d’être des amateurs. Bien au contraire, le duo de rock a été biberonné à la musique, et passion oblige, a commencé sa carrière à peine entré dans l’adolescence, à l’âge de 12 ans. 20 ans de carrière, c’est aussi 20 ans de hauts et de bas, allant des concerts uniques lors de tournées en France à des performances de rue au Japon, 20 ans où le groupe n’a cessé de se réinventer, lié par ce lien indéfectible entre frères terriblement compatibles sur le plan musical. Il y a 10 ans maintenant, TarO&JirO s’est installé à Londres, berceau du rock, avant de repartir pour le Japon et n’hésite pas à revenir dans l’hexagone. Cette année, pour la première fois depuis 7 ans, les deux prodiges sont revenus accompagné d’un petit nouveau, le batteur Takuro à l’occasion de trois concerts donnés à la Japan Touch de Lyon, à Bourg-En-Bresse, et à La Foisonnante de Paris. Sur scène, le groupe est déchaîné, et derrière, l’équipe le découvre encore plus passionné et touchant. A l’occasion d’une entrevue, vous remonterez à travers le temps pour vous plonger dans l’histoire émouvante de deux frères, pour qui tout n’a pas toujours été rose, mais qui n’ont jamais abandonné. Bon voyage !

Bonjour, pouvez-vous commencer par vous présenter ?

Taro : Nous sommes TarO & JirO et je suis le chanteur et guitariste du groupe, Taro.

Jiro : Je m’appelle Jiro, je joue de la guitare et je chante. 

Takuro : Je suis Takuro, le batteur. 

Votre nom, TarO&JirO, qu’est-ce qu’il signifie ?

Taro : En réalité, c’est juste nos noms, parce que nous sommes frères. Mon prénom complet c’est Kimitaro, mais c’est beaucoup trop long. (rires) 

Votre carrière de musiciens a commencé quand vous étiez jeunes, parlez-nous en un peu.

Taro : C’est une longue histoire. Jiro et moi, on joue de la musique depuis à peu près une vingtaine d’année. Quand j’avais 12 ans, je me suis mis à la guitare, j’ai commencé à écrire des morceaux et je voulais que quelqu’un d’autre m’accompagne, donc j’ai juste demandé à mon petit frère Jiro ‘Joue avec moi’, et il m’a dit “Euh, non, mais ok’.

Jiro : Il m’a presque forcé à jouer avec lui. Je joue de la guitare depuis que j’ai douze ans. C’était d’abord un loisir de gosses, ça nous permettait de sortir et nous amuser ensemble.

Taro : Mais plus on grandissait, plus on prenait la chose au sérieux. On a commencé à s’imaginer être un groupe international. De là, on a déménagé avec Jiro à Londres, au Royaume-Uni en 2009, il y a 10 ans. On chantait en Anglais, on a commencé à y jouer de la musique et à rêver d’être des musiciens internationaux. 

Pouvez-vous décrire votre univers musical ?

Taro : On a plusieurs racines. On n’est pas très minutieux sur ce qu’on écoute. On écoute de tout, tant que c’est bon et tant qu’on pense que c’est bon, d’où notre intérêt pour tous les genres. Comme vous l’avez dit, on passe d’un pop-rock, à un rock progressif, un grunge, parfois il arrive qu’on soit très pop, donc on joue de tout parce qu’on aime de tout.  

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Jiro : Hmm, tout type de musique. Parfois je trouve mon inspiration dans du jazz, parfois dans des morceaux pop. 

Taro : Autrement, juste les voyages. Comme maintenant ! A vrai dire, hier, Jiro et moi avons écrit un tout nouveau morceau, et grâce aux voyages, on se sent plus ressourcé. Voyager nous rend plus créatif aussi. On voit de nouvelles choses, on rencontre de nouvelles personnes et on a plus de créativité. 

Pouvez-vous nous parler du processus créatif : qui est le parolier, qui est le compositeur ?

Jiro : On fait tous les deux tout. Parfois, on écrit des morceaux chacun de son côté alors que parfois on les écrit ensemble. Il arrive que l’un d’entre nous ait une idée qu’on cherche à développer, et on crée de nouveaux titres. 

Taro : Oui, on n’écrit pas vraiment avec des personnes extérieures, parce que nous sommes frères et qu’on joue ensemble depuis 20 ans, il y a cette confiance indéfectible entre nous, voilà pourquoi on y arrive, on partage les choses auxquelles on pense. On accepte les créations de chacun. 

CKJ : Rencontrez-vous parfois des désaccords sur le rendu ? 

Taro and Jiro : Complètement. 

Jiro : C’est difficile de parvenir à des solutions, parfois cela demande du temps. 

Taro : La plupart du temps, on est d’accord avec l’autre parce qu’on a grandi en écoutant le même genre de musique. Mais avec nos projets individuels l’an dernier, nous avons commencé à éprouver de l’affection pour des styles différents. A l’heure actuelle, on prévoit de nouveau d’écrire ensemble, mais il arrive que je dise à Jiro ‘Je ne me sens pas de continuer à faire ce genre de choses’ et qu’il me réponde qu’il a envie de le faire. Nous devons faire en sorte de nous comprendre [l’un l’autre] mais j’apprécie ça, parce que je ne suis pas le seul à composer. 

Jiro : Être différent et avoir des goûts différents est toujours une bonne chose ! 

 

Si vous deviez choisir uniquement un mot pour décrire votre relation, lequel serait-il ?

Taro : Ma femme ! C’est la personne qui m’est le plus proche, c’est si étrange comme nous sommes connectés sur un plan musical, donc je ne sais pas, je dirai mon épouse ! Qu’est-ce que tu dirais toi ? 

Jiro : Je dirai meilleurs amis !

Quels sont les messages que vous souhaitez véhiculer à travers votre musique ?

Jiro : Des messages ? On n’a pas vraiment… quand on écrit des morceaux, on ne sait pas ce qu’on veut partager aux auditeurs. En général, c’est la chanson qui nous le dit, lorsqu’on l’écrit, elle incarne le message qu’on doit extraire. On pense que chaque morceau a sa particularité, donc on ne veut pas lui ajouter plusieurs messages. On se laisse porter par le sens naturel.  

Taro : C’est comme de l’impressionnisme ! Quand on peint, on ne prévoit pas qu’on va peindre une pomme, on ajoute des couleurs, et de là on y voit l’image d’une pomme. Voilà notre message, on ajoute des tonalités, et ça finit par ressembler à quelque chose, on se dit alors “peut-être que c’est ce qu’on veut exprimer”. 

Jiro : Le morceau lui-même nous l’incarne. 

Parmi toutes vos chansons, laquelle est la plus symbolique à vos yeux ?

Jiro : Toutes, chacune d’entre elles. 

Taro : Oui !

Jiro : C’est comme notre enfance, tout est spécial. 

Dîtes-en-nous plus sur “Imperfections”!

Taro : Comme je l’ai dit, l’an dernier, on était pris par des projets individuels. Et cette année, on s’est réuni au Japon pour de nouveau se produire ensemble. C’est l’une des premières chansons que nous avons écrites pour notre nouveau départ. Comme le titre l’indique, la signification est l’imperfection. Elle parle de nous, parce que vous savez, dans le passé, on a échoué sur pas mal de choses, on voulait réussir, mais on ne pouvait pas rester au Japon et se concentrer sur nos objectifs, on voulait tout faire, on a beaucoup voyagé.  On était perdu à l’époque. Mais on est revenu et on a pris conscience qu’on avait des imperfections, qu’on n’était pas parfait, qu’on pouvait se renforcer et écrire de meilleures pistes. On a admis qu’on avait des imperfections, et ça nous a fait du bien ! Pourquoi serait-ce une mauvaise chose ? Continuer en tant [que personnes] imparfaites, voilà le message. C’est la chanson idéale pour repartir du bon pied. [Auparavant] je ne pouvais pas accepter que nous n’étions pas parfait, je me disais toujours ‘On doit être parfait, on doit être parfait’. Mais merde !

Quels sont vos souvenirs de vos expériences de performance de rue ?

Jiro : La rue ? On se produit dans la rue depuis longtemps, mais je pense que la performance la plus mémorable est notre premier busking, dans notre ville d’origine, à Nara, quand j’avais 10 ans. Street ? 

Taro : Tu étais plus jeune, tu avais neuf ans !

Jiro : Neuf ? (rires). Lui en avait douze ou treize. Et j’étais très jeune. Et je me souviens qu’on était vraiment très nerveux à l’idée de jouer dans la rue, mais je sais pas, dès qu’on a commencé à jouer devant les gens, on a été pris de passion, et on a pris conscience qu’on voulait être musiciens dans le futur ensemble. 

CKJ : Vous souvenez-vous du morceau joué ce jour-là ou était-ce de l’improvisation ? 

Jiro : On avait seulement deux morceaux [en stock] ! Taro les avait composés, à l’époque, j’étais trop jeune pour composer. 

Taro : Mais je me souviens lui avoir demandé d’écrire les paroles avec moi, parce que je n’aimais pas ça. Je l’ai forcé à écrire les paroles. 

Jiro : Mais j’avais neuf ans, j’étais mauvais.

Taro : Quand on écoute ces morceaux maintenant, elles sont si puériles, mais c’est mignon ! (rires) On a grandi ! 

Jiro : Mon premier morceau parlait d’un beau coucher de soleil. 

C’est loin d’être votre première fois en France et la semaine dernière vous vous êtes produits deux fois, à l’occasion de concerts à Lyon et à Bourg-en-Bresse, comment c’était ? 

Jiro : Oh, c’était génial, incroyable ! La foule était énergique, déchaîné, et j’ai adoré ! 

Taro : Je pense qu’on a réellement apprécié cette tournée, surtout [la performance] à la Japan Touch, il y avait un millier de personnes devant nous. Ça n’était encore jamais arrivé au Japon, on s’est soudain senti comme des superstars en France et on a été pris de peur parce que retourner au Japon, ça voudrait dire retourner dans la rue, sans aucun public. C’était génial et on veut revenir. 

Avez-vous de futurs projets pour 2020 ?

Taro : Pour cette année, on a intégré le batteur Takuro dans le groupe. C’est Jiro qui l’a rencontré pendant son projet personnel l’an dernier. Takuro l’a rejoint et c’est comme ça que nous avons fait sa connaissance, c’est un bon batteur. Pour l’année prochaine, on continuera de faire les mêmes choses qu’en ce moment, avec Takuro, et on veut sortir un nouvel album, on veut sortir ce que l’on est en train de créer. Ça va être une année excitante !

Un message pour vos fans français et les nouveaux fans ?

Taro : Bonjour ! Ouais, merci beaucoup d’être un public aussi merveilleux et de nous soutenir, parce qu’on aime jouer. Merci infiniment de nous soutenir. On reviendra assurément et j’espère qu’on améliorera notre français parce qu’on veut leur parler en français. Pour l’instant, c’est si frustrant, parce qu’on n’est pas capable de parler français, on fera de notre mieux pour apprendre la langue.  

Jiro : On est très heureux d’être de retour en France, notre dernière performance ici remonte à sept ans. Certaines personnes ont assisté au concert il y a sept ans et je suis très reconnaissant de voir qu’elles se souviennent encore de nous et qu’elles sont venues assister au concert. Merci beaucoup. Et oui, on est très heureux d’être de nouveau réunis pour jouer, donc j’espère qu’on pourra revenir en France. 

Galerie photos 

Remerciements à Jéhanne Bivel  pour nous avoir permis de réaliser cette entrevue, à Asie Expo et Yume Keun pour avoir organisé la tournée, à la Foisonnante pour son accueil et à Taro & Jiro pour nous avoir accordé cette délicieuse discussion. 

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