Home Corée du Sud [LIVE-REPORT] Les South Club plus rocks que jamais au O’Sullivans pour leur deuxième passage à Paris

[LIVE-REPORT] Les South Club plus rocks que jamais au O’Sullivans pour leur deuxième passage à Paris

by Celia Cheurfa

A l’heure où les groupes de rocks coréens connaissent un succès incroyable en France, les South Club, déjà venus à Paris en avril dernier ont décidé de faire de nouveau escale en France, non seulement pour un passage à Paris mais aussi à Marseille pour deux concerts enflammés !

C’est dans le cadre de sa “Second European Tour” que le groupe de rock-blues -composé à sa tête de l’ancien membre des Winner Nam Taehyun, de son petit frère Nam Donghyun à la basse, du guitariste charismatique Kang Kun Ku et de Jang WonYoung à la batterie- est revenu enflammer la salle parisienne du Backstage By The Mill, au sein du pub O’Sullivan. Organisé par Beyond Enterprises, le concert proposait des prix relativement accessibles (dans le cadre des pass standards) avec de nombreuses promotions sur les billets : de 20 euros pour le billet standard à 120 euros pour l’entrée VIP (35 à 150 euros hors promotions). Le package VIP Gold proposait d’ailleurs un petit meet & greet avec les artistes, une séance de dédicaces et une photo de groupe.

Hors de scène, avant le début du concert, l’équipe a pu faire la rencontre de quelques fans présents de longues heures avant le début du concert. L’ambiance régnait et les fans qui rêvaient de voir de nouveau leur groupe favori n’ont pas manqué de s’impliquer activement afin de satisfaire les artistes, et de veiller à passer un bon concert. Si bien évidemment, nous n’avons pas été surpris de nous retrouver face à une gente majoritairement féminine, les petites attentions de certaines fans qui s’impatientaient de voir les South Club et de pouvoir leur donner les cadeaux ont été assez touchantes : bouteille de vin, chocolats, CD de variété française… Une membre de la fanbase a d’ailleurs proposé à tous les fans en guise de fan projet de soulever une banderole qu’elle a elle-même créée sur la chanson “Someday” tandis qu’une compatriote venue tout droit du Portugal distribuait gratuitement des photos et cartes postales à l’effigie du groupe.

Si l’ambiance extérieure a été rythmée par les rires, l’excitation et l’impatience, le moral des fans a toutefois pris un coup lorsqu’il a été annoncé un retard pour le début du concert de plus de 1h30 par les organisateurs de Beyond. Les conditions extérieures n’étaient pas favorables à cette longue attente : les fans ne pouvaient patienter que sur le grand boulevard, à l’extérieur du pub, dans le froid. Un nombre conséquent de fans étrangers (chinois, japonais) ont été pris en charge par le staff même s’il restait difficile pour eux de comprendre pourquoi la queue débutait dans un square !

Tout s’est toutefois bien passé puisque la numérotation instaurée par les fans eux-mêmes a été respectée et l’entrée des premiers VIP Gold et Silver s’est faîte dans le calme, même s’il fallait ressortir de nombreuses fois pour pouvoir entrer dans la salle, ce qui a fortement retardé le début du concert et ce qui aurait nettement pu être amélioré.

Chaque catégorie ayant eu accès à ses droits : hi-touch, photo de groupe, poster et autres privilèges pour lequel il fallait tout de même débourser une petite fortune, alors qu’une légère augmentation des prix des billets standards auraient largement pu contrebalancer les prix élevés des billets VIP et rétablir un équilibre, le concert a alors pu commencé sous les acclamations de la centaine de fans présents, très enjoués de revoir ces quatre garçons en France après des mois.

Sur “IDS”, les South Club ont immédiatement fait vibré les murs de la petite salle et affirmé leur intention de se lâcher, de s’amuser et de tout donner avec un refrain qui en dit long sur sa signification : “But I don’t give a shit“. De son timbre nasillard et écorché, Nam Taehyun n’a pas hésité à donner de la voix sur ce morceau et le suivant, qui n’était autre que la chanson plus rock que jamais intitulée “Dirty House”. Féroces et rockeurs, les quatre musiciens ont ensuite pris la parole pour la première fois de la soirée et en ont profité pour “déguster” un petit crémant offert par une fan, non sans une grimace de dégoût, de quoi inaugurer ce passage à Paris en beauté.

Cette petite pause leur donnait l’occasion de faire un raccord son et de saluer les spectateurs. En anglais, Taehyun a commencé :

“Bonjour Paris, tout se passe bien ? J’ai l’impression que Paris est ma ville d’origine. C’est la deuxième fois ce soir que nous faisons un concert à Paris, et j’avais très envie de revenir. Merci beaucoup d’être venus et j’espère que vous allez vous amuser.”

Donghyun a suivi les traces de son frère en commentant :

“Je suis vraiment d’accord avec mon frère. Un sentiment romantique se dégage de cette ville. Nous étions au Sacré-cœur, il y a à peine deux heures”. 

Pour les curieux, rappelons qu’à l’origine le groupe est né du départ de Nam Taehyun du groupe de pop de la YG, les WINNER. Le jeune musicien a donc décidé de monter son propre groupe de rock, composé à l’origine de cinq membres. Deux d’entre eux ont quitté le groupe, et seul le bassiste a été remplacé par le petit frère de Nam Taehyun. C’est donc le portrait d’une histoire de famille que les garçons ont incarné par une belle complicité ce soir là.

Paroliers, compositeurs, musiciens et interprètes, les quatre artistes ont su arborer une image plus mélancolique et plus romantique avec la chanson “Someday”, temps consacré au projet des fans : les bannières n’ont pas manqué d’arracher un beau sourire aux musiciens. Un peu plus bluesy, cette ballade a arraché les quelques notes hautes appréciées chez le vocaliste, qui a mis tout son cœur dans cette phrase “Someday I’m feeling good”. Autant dire que ces paroles représentaient parfaitement l’état d’esprit des fans. A aussi beaucoup été apprécié le petit solo du guitariste, très talentueux mais un peu trop introverti à quelques moments. Il a été difficile de lui arracher un sourire ou de lui faire lever les yeux de son instrument, même si il semblait profiter de son moment.

Les deux morceaux suivants, qui font parti des morceaux les plus appréciables des South Club, en raison de leur qualité et de leur musicalité, ont augmenté l’ambiance d’un cran encore : “Blues of D” et “Blues of A”, tirés tout droit du même album “90”. Tout en sensualité, les deux morceaux ont repris la formule traditionnelle du blues-rock avec une proéminence des instruments, un refrain entêtant, une voix sensuelle à l’ambitus large, un tempo qui oscille entre le lento et le moderato, un solo de guitare extrêmement bien maîtrisé, une attitude confiante avec des gestes appuyés et surtout cet esprit de “rockstar” qui anime les musiciens et les plongent dans une transe. La salle a été plongée dans une atmosphère électrique, parfois silencieuse même, puisque les fans ont été complètement envoûtés.

On continue sur le blues mais cette fois-ci dans un tout autre climat, davantage ancré dans la tradition rock’n’roll avec le titre “I Got The Blues”. En chœur sur le refrain, tout le monde s’est mis à chanter “I got the blues baby”. Place ensuite au show avec la reprise d’une des chansons les plus connues des Rolling Stones, “Satisfaction”. Reprise un nombre conséquent de fois, le morceau de rock alternatif a honoré son titre en recevant les acclamations qu’il méritait. En anglais ou en coréen, les South Club ont été sans cesse animés par “l’esprit rock”.

Les membres du quatuor rayonnent aussi sur d’autres registres, comme la ballade avec “Believe U”, ou encore la chanson pop, voir électro avec le solo de Taehyun intitulé “Star”. Un des moments les plus appréciés des fans a sûrement été ce solo de Donghyun sur “Aurora”. Le talent tient visiblement de famille, puisqu’après le solo étonnant de Taehyun, ce fut au tour du petit frère de nous montrer l’étendue de ses capacités vocales. Sans hésitation, nous n’avons pas été déçus, puisque sa voix s’est avérée être telle une caresse très agréable à écouter.

Les South Club sont aussi reconnus pour avoir interprété de nombreux thèmes et bandes-son de dramas, dont le morceau émouvant “Anyone” avec son refrain plus pop, mais néanmoins très intense. La salle s’est laissée porter par la douceur et la technique de la voix du chanteur, mais aussi la passion avec laquelle ont joué les instrumentistes. Rappelons qu’il n’est pas simple ni pour un batteur, ni pour un bassiste et encore moins pour un guitariste de sublimer la voix du chanteur sans trop s’imposer et tout en donnant du relief sur ce type de ballade rock.

Les artistes ont ensuite pris une petite pause et ont discuté avec les fans, sans oublier de trinquer (peut-être même un peu trop) avec les fans. Petit regret toutefois : l’impression que les quatre membres n’ont pas eu un temps de parole égal, voir même complètement déséquilibré. Il aurait été peut-être apprécié d’entendre davantage la voix de Won Young. Quoiqu’il en soit, les artistes n’ont pas manqué de nous rappeler à quel point ils appréciaient d’être en France, et à quel point ils regrettaient que certaines dates prévues en Europe aient été annulées, à cause d’un manque évident de moyen, et surtout des places qui ne se sont pas vendues.

Il est aussi important de comprendre qu’il est difficile pour des artistes indépendants de se manifester et de se légitimer face à des monopoles de l’industrie musicale, en particulier pour ces groupes de rock qui se construisent seuls. Evidemment, ils sont de plus en plus appréciés, mais la nécessité de faire davantage d’efforts pour pouvoir s’imposer dans le milieu de l’industrie musicale, avec sa propre agence, des moyens infimes et surtout une équipe qui doit prouver tout son talent (par le biais de concerts dans la rue, de tournées plus régulières mais nettement moins populaires…) face aux géants prouve encore que le monopole de l’industrie tient surtout de grandes agences et de grands labels. Taehyun a d’ailleurs de nombreuses fois témoigné quant à cette difficulté à trouver sa place dans le milieu musical après avoir quitté son ancien groupe. Voilà pourquoi l’ambiance de ces concerts est souvent particulière : d’une part la proximité avec l’artiste permet nettement d’être davantage complices, d’autre part, le soutien apporté à ces artistes leur permet de continuer de créer la musique qu’ils apprécient, musique dont ils ont pu discuté librement avec les fans :

“J’ai écouté beaucoup de chansons françaises pour écrire certains morceaux. Quelles sont les chansons populaires en France ?” a demandé Taehyun.

Des cris ont fusé dans la salle, mais tout le monde s’est rejoint sur le chef d’oeuvre d’Edith Piaf “La vie En Rose”. Les artistes n’ont pu que constater à quel point le morceau était une hymne en France en écoutant les fans chanter avec passion le refrain.

Retour au show avec un petit prélude musical pour entamer la suite de la soirée : le solo de guitare de Kunku qui a introduit la chanson “I’m Crazy”, pendant lequel le guitariste s’est adonné à prendre la pause pour les vidéos des fans les plus proches. La chanson la plus récente des South Club a connu un succès phénoménal pour ce concert : cette ballade acoustique a ravi les fans en les transportant dans un univers un peu plus mélancolique et personnel.

Les deux morceaux suivants, assez similaires en terme de tempo et d’émotions, “Raindrop” et “Hug Me” n’ont pas manqué de faire couler quelques larmes chez les fans. Douces, lentes et délicates, les deux pistes ont permis aux fans de chanter en même temps que leurs artistes. Sur “Raindrop”, nous avons pu apprécier le talent du guitariste, qui a été exceptionnel sur ses solos, et qui n’a fait que confirmer sa place dans le groupe. La note que Taehyun a atteint avec brio a secoué l’audience. Ces deux “hymnes à l’amour” ont été le moment de remercier les fans pour le soutien apporté.

Sur la valse rock “HI/BYE”, les musiciens ont montré deux facettes : une romantique, une autre sensuelle. En guise d’au revoir, ou peut-être justement de bonsoir, la chanson a été l’occasion d’apprécier un rock presque féerique, avec ces notes délicates au piano. Inspiré du jazz, ce morceau a de quoi être étonnant puisqu’il propose une introduction d’abord complètement ancré dans la tradition jazzy, pour ensuite passer à un refrain pop de ballade. On a alors beaucoup apprécié l’imprévisibilité des musiciens, qui ont su s’adapter à tous types de registres.

Pour essuyer les larmes des fans, les garçons ont alors puisé leurs dernières forces pour interpréter “Liar” avec le plus de puissance possible. Nam Taehyun s’est d’ailleurs amusé à arroser la salle grâce à cette bouteille qui l’a accompagné tout au long du concert. Pour cette interprétation des plus rocks, le niveau sonore des acclamations a été plutôt élevé. Le quatuor a continué d’interpréter ses gros titres, avec “Grown Up”, chanté avec une grande sensibilité. Encore une fois, le guitariste a été très doué, et a assuré la capacité des South Club à jouer en live, dans une salle où le rendu son n’était pas forcément le meilleur. C’est d’ailleurs pour cette raison que le concert a été assez intéressant : la capacité à jouer et à chanter en live a été honorée avec brio, preuve de leur réel talent en tant que musiciens indépendants.

Rien de mieux que les cris du public pour comprendre que le devoir a été accompli avec soin : les “South Club” à répétition ont envahi la salle, après quoi les garçons ont interprété les deux dernières chansons, autrement dit la reprise presque nécessaire des White Stripes, “Seven Nation Army” ainsi que la chanson “Outcast”, qui a marqué la fin de ce concert tout en folie.

Un grand merci à l’organisateur, à SouthClub France, aux équipes du O’Sullivan, aux équipes sons et aux quatre artistes, Kunku, Wonyoung, Donghyun et Taehyun pour ce beau concert.

Crédits photos : Stéphanie Pither 

 

Setlist :

  1. IDS
  2. Dirty house
  3. Someday
  4. Blues of  D
  5. Blues of A
  6. I Got The Blues
  7. Reprise : Rolling Stones – Satisfaction
  8. Believe U
  9. Nam Taehyun -Star
  10. Nam Donghyun -Aurora
  11. Anyone, OST
  12. I’m Crazy
  13. Raindrop
  14. Hug Me
  15. HI/ BYE
  16. Liar
  17. Grown up
  18. Reprise : White Stripes : Seven Nation Army
  19. Outcast

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