Home CultureConventions [CULTURE] Le festival de cinéma japonais Kinotayo met au cœur de sa sélection de films la diversité et la sensibilité féminine

[CULTURE] Le festival de cinéma japonais Kinotayo met au cœur de sa sélection de films la diversité et la sensibilité féminine

by Celia Cheurfa

Les mois de janvier et février seront consacrés à la 13ème édition du festival Kinotayo, le festival du cinéma japonais contemporain. Organisé par le Club de l’Etoile, en partenariat avec la Maison de la Culture du Japon et JETRO (organisme du commerce extérieur japonais), et labellisé par Japonismes 2018, le festival proposera une sélection de films et par là leur diffusion du 17 au 26 janvier 2019 à la MCJP, du 1er au 3 février au club de l’Etoile, et plus généralement de décembre 2018 à février 2019 “hors les murs”, autrement dit, hors de la région parisienne dans 14 villes.

Le 4 décembre s’est déroulée la conférence de presse qui visait à présenter l’intérêt du festival et son objectif. S’en dégagent alors plusieurs lignes de pensées.

Créé en 2005 par l’association Kinotayo (présidée par Kiyoji Katakawa) qui ouvre à la cinématographie japonaise, le festival a pour objectif la promotion de films japonais et des techniques de réalisations auprès d’un nouveau public, à la fois composé de spécialistes et de jeunes novices. Au cours de ces 13 dernières années, quelques chiffres soulignent l’intérêt et l’ampleur du festival : en plus des 221 films présentés, 75 réalisateurs et acteurs ont fait le déplacement jusqu’à Paris pour présenter leurs œuvres.

Cette année, pour sa 13ème édition, le festival a choisi de faire peau neuve en mettant au cœur de son credo la diversité, la sensibilité et les productions indépendantes. Au programme du festival, une sélection officielle de 10 films, une sélection de trois films dans la section Kanata (films sous-titrés en version originale) et deux séances spéciales, qui recouvrent des genres divers et variés, allant de l’horreur au documentaire en passant par le fantastique.

Bien évidemment, ces films sont en compétition pour être récompensés de trois prix : le prix du jury, le prix du public “Soleil d’Or” et le prix de la meilleure image. Une cérémonie d’ouverture aura lieue à la MCJP le 17 janvier 2019 tandis que le festival se clôturera le 11 février 2019 au club de l’étoile.

La conférence de presse a rendu compte de l’intérêt du festival et de la diversité des films proposés, qui recouvrent non seulement de nombreux thèmes abordés au Japon, mais aussi des techniques de production cinématographique, de réalisation et de scénarisation complètement différentes. L’ambitus prévoit donc d’être extrêmement large et de donner une vision d’ensemble de la société japonaise, dans ses multiples époques et systèmes, de ses abîmes à son rayonnement.

On espère que la sélection suivante de films récents (moins de 18 mois) vous donnera l’eau à la bouche et vous intriguera au point que vous serez tentés de participer à ce voyage et cette expérience amusante et enrichissante.

 

Le premier film sélectionné dans la catégorie officielle s’intitule “Shiori” et a été produit par Yusuke Sakakibara. L’originalité du film réside dans l’idée que le réalisateur a lui-même exercé le métier de physiothérapeute qu’il dépeint avec beaucoup de réalisme. Il en fait un drame hospitalier, et souhaite véhiculer à travers cette oeuvre indépendante les difficultés et la noirceur d’un milieu particulier.

Face à ce film, une autre oeuvre à l’univers sombre, celle réalisée par Aya Igashi nommée “A crimson Star”. L’univers décrit à travers cette relation entre une jeune femme et une prostituée est celui d’une solitude et d’un ennui de la jeunesse rurale qui aspire au Japon à une condition autre, à des rêves et l’espoir de ne plus être laissée pour compte. A priori, ce drame maîtrisé par l’interprétation de deux personnages féminins décrit de manière sublime et réaliste une relation non conventionnelle pour témoigner de la condition d’une jeunesse abandonnée.

Le troisième drame présenté est celui réalisé par Kosai Sekine, “Love At Least”, qui dessine une relation contre-nature entre une jeune femme atteinte d’hypersomnie et un journaliste people. Une belle histoire d’amour à ne pas manquer, qui soulève l’aspect de la pression sociale.

Changement de genre, mais pas de catégorie, le 4ème film présenté en sélection officielle est une oeuvre du grand artiste Yojiro Takita, bien connu du cinéma japonais et international. “The Last Recipe” présente sous forme de reconstitution historique, avec des événements et des lieux bien réels, les plats légendaires. Contrairement à certaines œuvres précédentes, il s’agit d’un film plus classique, moins indépendant, porté par un grand maître du cinéma.

Dans le même genre, on retrouve aussi le film réalisé par Takahisa ZEZE qui porte le nom de “The Chrysanthenum And The Guillotine”. Ce film a été réalisé par le moyen de financements participatifs, par une levée de fond, et c’est pourquoi il est aussi intéressant qu’un public plus élargi puisse avoir accès à ce type de réalisation. Pendant trois heures, ce film, basé sur des événements et faits réels, dont l’existence passée de “la société de la guillotine” met en avant l’histoire de ces sumos femmes, qui ont bel et bien existé, après le tremblement de terre de 1923. Prometteur, ce film présente deux aspects de l’histoire presque refoulés : l’anarchisme, et le poids d’une revendication féminine du sumo.

Cette exploration des genres permet aussi de comprendre que beaucoup de réalisateurs n’ont pas immédiatement commencé par des drames ou des documentaires, mais par exemple par le cinéma érotique, le “cinéma rose”, appelé au Japon “pinku eiga”, dont Takahisa ZEZE.

Un thriller sera aussi diffusé. Il s’agit de “Yurigokoro”, réalisé par Naoto Kumazawa, sur l’adaptation du roman éponyme de Mahokaru Numata. L’un des organisateurs du festival l’a qualifié “d’une beauté assez sombre et vénéneuse”. On vous laisse alors découvrir ce thriller obscure par vous-mêmes.

On ne peut parler de cinéma japonais sans parler de l’imagination débordante et féerique de certains réalisateurs. Un film fantastique grand public réalisé par le fameux Takashi Yamazaki touche aussi bien les enfants que les adultes. Intitulé “Destiny : The Tale Of Kamakura”, ce film aborde les effets spéciaux pour présenter tout un bestiaire spirituel japonais, dont les fantômes [yokai], les esprits et autres créatures.

Les documentaires sont aussi mis en avant avec l’un des maîtres des documentaires réalistes, Kazuhiro Soda et son oeuvre “Inland Sea”. Réalisateur de “Oyster Factory” en 2015, Kazuhiro Soda choisit ici de filmer avec beaucoup de poésie et de sensibilité un monde en noir et blanc en disparition. Ce réalisateur nous a habitué à une poésie inégalable, et nous ne doutons absolument pas de la beauté de cette oeuvre, qui mérite d’être saisie.

Nous ne l’oublions pas, la J-horror reste à l’honneur dans les festivals de cinéma, avec comme représentante la comédie horrifique “Ne coupez pas”, réalisée par Shinichiro Ueda. Avec un budget réduit, et une intention d’en faire une oeuvre indépendante, ce film est “l’ovni” de la sélection. Pourtant, au Japon, son succès a été phénoménal et ses séquences n’ont pas manqué de faire crier d’effroi les spectateurs.

Pour conclure la sélection officielle, le Japon honore encore son histoire avec un film de chambara, un film de samouraï avec “Killing” de Shinya Tsukamoto. Étrangement, et de manière très intéressante, le réalisateur a dressé une antithèse du film de samouraï et a traité avec intelligence et maturité ce genre éculé. Plus qu’une remise en question des codes traditionnels, il s’agit d’une oeuvre qui semble s’élever avec beaucoup de grandeur.

Si ces films sont soumis à un système de votes, d’autres films hors compétition seront diffusés, dans la catégorie Kanata. Deux films plus précisément feront partie de cette catégorie, plus difficile à aborder sans maîtriser la langue, mais l’expérience promet d’être très enrichissante.

Surprenant pour une sélection qui se veut 100% japonaise, et qui pousse justement à élargir son champ de vision et à requestionner l’idée du “film japonais”, la diffusion du film “Besoin d’Amour” réalisé par le compositeur français Ronan Girre, aux côtés d’une équipe totalement japonaise. Ce film est au croisement entre une mise en scène de fantastique et de drame avec encore une fois une première tête féminine.

Deuxième film de cette catégorie Kanata : le film de Sayaka Ono “Love and Wolbachia” qui regarde d’en haut les thèmes des minorités sexuelles et des marginalisés, avec une attention portée sur la difficulté à vivre l’amour.

Enfin, le festival proposera 2 séances spéciales pour des films d’animations : “Penguin Highway” de Hiroyasu Ishida et “Mirai” de Mamoru Hosoda. Pour les mordus de films d’animations, ces deux films semblent très intéressants : deux films qui ont pour personnages principaux de jeunes enfants. Pour “Penguin Highway”, le phénomène d’apparition des manchots intrigue Aoyama qui décide de percer à jour ce mystère, tandis que pour “Mirai, ma petite soeur”, qui incarne une belle réflexion sur les liens familiaux, c’est l’arrivée d’une petite sœur dans la famille qui remet en question l’équilibre du jeune protagoniste.

On l’a précédemment évoqué ; il n’y a pas directement d’unité entre les thèmes des films sélectionnés, mais on ne peut passer à côté du pouvoir et du poids de l’interprétation des personnages féminins qui dominent une grande majorité des réalisations. En plus de diffuser des films de nombreuses réalisatrices, le festival souhaite projeter toute la grandeur et la sensibilité de ces actrices féminines et leur capacité à interpréter des personnages charismatiques, indépendants et parfois torturés.

Le festival prévoit aussi d’accueillir un certain nombre d’invités exceptionnels du 8 au 11 février. Côté réalisateur, on retrouvera alors des noms comme Shinya Tsukamoto, Aya Igashi, Kazuhiro Soda, Naoto Kumazawa, Kosai Sekine, Ronan Girre et Yusuke Sakibara. Enfin, partez à la rencontre du scénariste de “The Chrisanthemum and the Guillotine”, Toranosuke Aizawa et de l’actrice principale de ce film Mai Kiryu. Sélectionnée parmi 300 actrices, Mai Kiryu est la vedette de cette oeuvre et son pouvoir romanesque est réellement impressionnant. Elle sera présente du 15 au 20 janvier 2019 et participera à la cérémonie d’ouverture du festival.

Vous l’avez compris, le festival Kinotayo mérite d’être davantage reconnu. Ne manquez pas les prochaines informations sur le festival et n’hésitez pas à prévoir vos séances de cinéma en fonction des films qui vous plaisent !

Vous pourrez très prochainement réserver vos places sur le site officiel du festival ci-joint : site officiel du festival.

Merci à la société Crosslight pour nous avoir convié à cette conférence de presse. 

Source : Kinotayo.fr

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