Home Corée du Sud [CULTURE] Ssirum : sport de lutte traditionnel qui réunit pour la première fois les deux Corées au patrimoine mondial de l’UNESCO

[CULTURE] Ssirum : sport de lutte traditionnel qui réunit pour la première fois les deux Corées au patrimoine mondial de l’UNESCO

by Adelie

Le 26 novembre 2018, l’UNESCO a validé une candidature particulière. En effet, alors que jusqu’à présent les deux Corées déposaient séparément les dossiers auprès de l’organisation mondiale, elles se sont mises d’accord pour fusionner leurs candidatures pour le ssirum (en orthographe nord-coréenne ou ssireum en orthographe sud-coréenne). Une première inédite, preuve de l’amélioration des relations entre le Nord et le Sud.

Le ssirum est un sport de lutte, puisqu’il s’agit d’un sport de contact direct. Comme le football ou le rugby en France, le ssirum n’est pas un sport réservé aux athlètes mais il s’agit également d’un sport extrêmement populaire.

Histoire du Ssirum

À l’origine du sport, le ssirum était pratiqué comme un sport de self-defense et faisait partie des rites des anciennes tribus. Avec le temps et l’évolution de la civilisation coréenne, le sport a été régulé et est devenu un des sports nationaux principaux.

Le ssirum est un sport de lutte coréen traditionnel, dont les premières traces écrites remontent à la période Goryeo (14ème siècle). Il s’agissait alors d’un sport de combat utilisé par les militaires pendant leur temps libre. Le sport s’est popularisé et sous le règne du roi Sejong, des compétitions ont commencé à être organisées.

Traditionnellement les compétitions étaient organisées le cinquième jour du cinquième mois du calendrier lunaire. Le prix était alors un bœuf, valeur agricole élevée pour une société qui reposait principalement sur l’agriculture. L’animal représentait également la force du gagnant. Peu à peu, les compétitions se sont multipliées en ayant lieu à plusieurs moments dans l’année, comme Chuseok.

Au 20ème siècle, le sport a rapidement été retransmis à la télé et la première compétition moderne a eu lieu en 1912 à Séoul. En 1967, les catégories par poids ont fait leur entrée dans le championnat. Au niveau amateur, sept catégories existent cependant, au niveau professionnel, seules deux catégories sont reconnues : au-dessus et en-dessous de 100 kilos.

En Corée du Sud, deux styles de ssireum se diffèrent par la manière d’attacher le satba (ceinture en tissu). La première manière de positionner le satba est de l’attacher autour de la cuisse tandis que la seconde consiste à attacher la ceinture autour de la cuisse ainsi qu’autour de la hanche. En 1994, la fédération coréenne de ssireum a unifié les règles du sport et a décidé que le left side ssireum serait considéré comme le style officiel, incluant le second type d’attache du satba.

Règles & Equipement

Ce qui fait la popularité de ce sport, c’est son faible coût puisque très peu de matériel est nécessaire pour pratiquer le ssirum. En effet, trois éléments forment l’équipement de ce sport :

  • Ssireum jang : l’arène officielle. Il s’agit d’une cercle de 7 mètres de diamètre rempli de sable d’une épaisseur de 10 à 20 cm. Deux mètres supplémentaires sécurisent l’arène pour éviter aux joueurs de se blesser. Ainsi l’arène totale est un cercle ayant un diamètre entre 9 et 10 mètres.
  • Satba : ceinture en coton. Chaque joueur porte des couleurs différentes entre blanc, rouge ou bleu. La longueur de la ceinture importe peu, cependant la largeur est régulée.
  • Bokjang : l’uniforme du joueur. Il s’agit d’un short sur lequel le nom de l’équipe (école, compagnie ou région) est écrit sur la jambe gauche. Les femmes portent en plus un haut de type justaucorps ou body, et se doivent d’attacher leurs cheveux.

Il est évident que seul le satba et un terrain suffisamment important sont alors nécessaire pour pratiquer le sport en amateur.

Les principales différences entre le ssirum et les autres sports de combat est son objectif : un joueur gagne lorsque son opposant tombe au sol avant la fin des trois minutes réglementaires, c’est-à-dire lorsqu’un joueur perd l’équilibre et que toute partie supérieure à son genou touche le sol.

Après s’être salués, les deux joueurs se préparent au combat. Ils se mettent à genoux face à face pour attraper le satba de leur opposant, ainsi quand les joueurs se relèvent, ils se retrouvent pliés à presque 90°, position physiquement éprouvante sur la durée. C’est là que la partie mentale entre en jeu, puisque les joueurs doivent rester très attentifs pour anticiper les mouvements de leur opposant.

Les joueurs peuvent saisir, tirer, pousser, faire tourner dans le but de faire tomber leur opposant, mais les actions autorisées sont surtout définies par celles interdites.

Les mouvements interdits sont :

  • étrangler ou tourner le cou de son opposant
  • tourner ou plier un membre de manière dangereuse
  • frapper son opposant
  • bloquer sa vue
  • retourner ses doigts
  • lâcher la ceinture ou éviter le contact avec son opposant
  • sortir ou faire sortir son opposant intentionnellement de l’arène
  • défaire intentionnellement le satba pour avoir une pause
  • émettre des bruits non justifiés ou faire des remarques ou des gestes dans le but de perturber son opposant.

L’arbitrage est assuré par un arbitre en chef et trois assistants. L’arbitre principal est présent sur l’arène avec les compétiteurs, tandis que les trois assistants sont sur des chaises autour de l’arène. Les trois assistants permettent d’aider l’arbitre principal avec des points de vue différents mais seul l’arbitre présent sur l’arène décide du vainqueur ou des infractions.

Le ssirum de nos jours

Ce sport reste très populaire auprès de la population coréenne, car en plus de ses bénéfices physiques, le ssirum permet d’améliorer la persévérance et la force mentale des joueurs. Ainsi, sa pratique est toujours importante, des écoles existent, mais les élèves l’apprennent aussi à l’école.

Preuve de cette popularité, en Corée du Sud, l’animateur télé Kang Hodong est un ancien lutteur de ssireum très apprécié du public. Il a notamment gagné trois compétitions nationales en 1990, mais il a aussi remporté des compétitions en 1991 et en 1992. Lorsqu’il a arrêté sa carrière d’athlète, il est devenu animateur télé. Il a notamment animé Star King. Actuellement vous pouvez le retrouver dans l’émission Ask Us Anything : Knowing Brothers, émission disponible en France sur Netflix.

Le ssireum est également une épreuve commune dans les émissions de télévision, que ça soit dans les émissions régulières comme Infinite Challenge ou les émissions spéciales de fin d’année comme Idol Sport Championship :

  • Retrouver le match des BTS contre VIXX en 2016 :

  • Ou celui des EXID contre Nine Muses en 2015 :

Sources : World Ssireum Federation, Korean Ssireum Research Institute & Wikipedia
Crédits photos : UNESCO

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