[TOP 10] Ces films incontournables de la 14ème édition de Kinotayo ! #32

En ce temps de confinement, ne laissez pas l’ennui vous attirer dans ses filets. Si vous trouvez le temps long, profitez de notre Top 10 100% cinéma !  Avec une grande majorité de long-métrages dramatiques, la quatorzième sélection du festival de cinéma contemporain japonais Kinotayo ne manque pas d’avoir son lot d’humour, avec quelques films placés sous le sceau de l’imposture. En guise de film d’inauguration, le documentaire Tenzo met en scène deux bonzes qui se dévoilent avec leurs faiblesses et leurs doutes sur  leur position de moine, mais aussi dans une intimité autre, surprenante pour des hommes de leur stature, des hommes qui ne sont finalement que des pères de famille, des amis, des maris… De la tradition cinématographique aux traditions spirituelles, les réalisateurs, en se faisant documentaristes et observateurs, et en mettant en lumière des premiers rôles souvent masculins, ont tous fait le parti-pris d’un voyage lointain pour révéler les grandes tendances et la sensibilité de l’esprit du 7ème art japonais, du plus cru au plus onirique  !

Sommaire :

Cliquez sur les images pour accéder aux contenus ! Ou cliquez sur les pages suivantes en bas pour tout découvrir !

♣ L’homme qui venait de la mer

♣ Come on Irene

♣ Dans un jardin qu’on dirait éternel

♣ Masquerade Hotel

♣ Siblings of the Cape

♣ The Promised Land

♣ Family of Strangers

♣ Talking the Pictures

♣ First Love

♣ Under The Turquoise Sky

♣ L’homme qui venait de la mer

 

 

Pays d’origine : Japon & Indonésie
Nom original : 海を駆ける
Nom romanisé : Umi wo Kakeru
Année de sortie : 2018
Durée : 88 minutes
Genres : drame
Réalisateur : Koji Fukada
Acteurs principaux : Dean Fujioka, Taiga, Junko Abe, Adipati Dolken, Sekar Sari, Mayu Tsuruta

 

Synopsis : Sur les rivages de la province indonésienne d’Aceh, un jeune homme vient d’être rejeté par la mer. Il semble japonais mais ne dit pas un mot. Tout le village est fasciné par celui qu’ils prénomment Laut, et qui démontre bientôt d’étranges pouvoirs. Sa présence va avoir une grande influence sur les petites histoires de chacun. Avec L’Homme qui venait de la mer, Koji Fukada tourne pour la première fois à l’étranger. Poursuivant un questionnement sur l’altérité qui parcourt toute son oeuvre, il livre une fable lumineuse à la fois poétique, fantastique et politique.

Avis : Retrouver Dean Fujioka dans une oeuvre indépendante ? Le pari est osé, voire surprenant, étant donné que la tête d’affiche est amenée à ne prononcer que quelques lignes pour près d’une heure et demi de film. La production aurait ainsi mérité davantage de consistance : les (trop) nombreux thèmes abordés rendent le suivi du film un peu ardu. Au-delà d’une beauté incontestable, L’homme qui venait de la mer tire les ficelles de sujets tout à fait passionnants, à tel point qu’assumer pleinement un certain parti-pris aurait ainsi permis de sublimer l’intention première du scénariste et du réalisateur de dénuder de toute sa complexité la notion d’identité, au cœur même du long-métrage. Ce qu’il manque au film, c’est peut-être un peu de ce cran qui permet de ne pas rester frustré : les sujets les plus denses sont passés en revue un peu trop rapidement à notre goût (victime de tsunami, héritage japonais et indonésien, relations amoureuses entre jeunes de cultures différentes, qui ne parlent même pas la même langue), et surtout, le plus important, un plot autour d’un rôle dit principal qui peine  à satisfaire nos attentes… Mais pour couvrir certaines zones d’ombres, on aurait tendance à dire ‘à vos livres de mythologie’ !

Autres oeuvres du réalisateur : La Grenadière (2006), Harmonium (2016), L’infirmière (2019) !

♣ Come on Irene

 

 

Pays d’origine : Japon
Nom original : 愛しのアイリーン
Nom romanisé : Itoshi no Irene
Année de sortie : 2018
Durée : 137 minutes
Genres : drame, romance
Réalisateur : Keisuke Yoshida
Acteurs principaux : Ken Yasuda, Nats Sitoy, Hana Kino, Yusuke Iseya

 

Synopsis : Iwao Shishido est un employé de pachinko à la mine déprimée qui vit encore chez ses parents dans sa campagne natale à l’âge de 42 ans. Empli d’amertume et de frustration, ce vieux garçon ne peut dissimuler un sentiment d’échec. Après une énième déception amoureuse, il décide de suivre les recommandations d’un ami et part aux Philippines dans le but d’y trouver l’élue de son cœur, grâce à un love tour pour célibataires. C’est durant son voyage qu’il rencontre Irene, jeune Philippine issue d’une famille pauvre d’un village de pêcheurs qui tente d’échapper à sa condition. Brillamment servie par l’interprétation de Ken Yasuda (The Actor, prix Idem de la meilleure image de la 11e édition Kinotayo), cette comédie mordante et cynique renoue avec l’humour noir et la violence grotesque du réalisateur qui avait secoué la 11è édition du festival avec Hime-Anole.

Avis : Les adaptations sont décidément une des maîtrises de Keisuke Yoshida, qui, après Hime-Anole revient avec un drame tout à fait apte à incarner les lignes les plus marquantes de cette 14ème édition du festival, dont celle du héros/ anti-héros, qu’incarne Iwao. Come On Irene trouve sa richesse dans cette habileté à introduire progressivement des thèmes qui mènent vers un drame inattendu, pourtant pourvu d’une grande beauté grâce à l’excellence du travail d’interprétation de Nats Sitoy, dans le rôle d’Irène. Irène, c’est tantôt une femme naïve, une femme qui souffre de sa condition de philippine achetée et de “belle-fille” reniée, tantôt une femme d’une grâce extraordinaire, qui touchera le spectateur par sa persévérance et la pureté de ses interactions avec les autres personnages. Prenez-garde, Come On Irene risque de bouleverser bien des âmes sensibles, avec des scènes violentes et profondément réalistes. C’est d’ailleurs ce réalisme qui rend l’oeuvre très enrichissante et qui ouvre à des réflexions sur les conditions de vie difficiles de bon nombre d’individus dans le monde…

Autres œuvres du réalisateur : Raw Summer (2005), Sankaku (2010), The Workhorse & the Bigmouth (2013) !

♣ Dans un jardin qu’on dirait éternel

 

Pays d’origine : Japon
Nom original : 日日是好日
Nom romanisé : Nichinichi kore kojitsu
Année de sortie : 2018
Durée : 100 minutes
Genres : drame
Réalisateur : Tatsushi Omori
Acteurs principaux : Haru Kuroki, Mikako Tabe, Kirin Kiki, Mayu Harada

 

 

Synopsis : Noriko et Michiko viennent de terminer leurs études. En attendant de savoir à quoi consacrer leur vie, elles sont poussées par leurs parents vers l’art ancestral de la cérémonie du thé. Dans une petite maison traditionnelle de Yokohama, Noriko, d’abord réticente, se laisse peu à peu guider par les gestes de Madame Takeda, son exigeante professeure. Elle découvre à travers ce rituel la saveur de l’instant présent, et prend conscience du temps précieux qui s’écoule au rythme des saisons… Michiko, quant à elle, a décidé de suivre un tout autre chemin. Habitué du festival Kinotayo (The Whisperings of the Gods, A Crowd of Three, Bozo), Tatsushi Omori nous revient avec un film empli de sagesse et de spiritualité. L’occasion d’admirer l’actrice Kirin Kiki, qui nous a quitté l’an passé, égérie d’Hirokazu Kore-eda et admirable dans Les Délices de Tokyo, qui interprète une Maître de thé dans son ultime rôle au cinéma.

Avis : Dans un Jardin qu’on dirait Eternel est un peu l’un des ovnis du festival. A regarder en dialogue avec Tenzo, ces deux films offrent un voyage intemporel dans la tradition japonaise, et ici, celle du thé. Parce que oui, apprendre comment se travaille traditionnellement le ocha est une tâche rude, qui demande apprentissage du savoir transmis par les anciens et retour spirituel à soi pour mieux se connecter avec ce qui l’entoure. Le long-métrage saura satisfaire tous ceux qui apprécient le calme et les nombreuses formes de spiritualité, et si le scénario est loin d’être le plus original, il reste une bouffée d’oxygène à savourer et un retour à l’essentiel dont il faut se délecter.

Autres oeuvres du réalisateur : A Crowd of Three (2010), Tada’s Do-It-All House (2011), The Ravine of Goodbye (2013) !

♣ Masquerade Hotel

 

Pays d’origine : Japon
Nom original : マスカレード・ホテル
Nom romanisé : Masukaredo Hoteru
Année de sortie : 2019
Durée : 132 minutes
Genres : thriller
Réalisateur : Masayuki Suzuki
Acteurs principaux : Takuya Kimura, Masami Nagasawa, Fumiyo Kohinata, Zen Kajihara, Yuki Izumisawa

 

 

Synopsis : Trois meurtres ont eu lieu dans la région de Tokyo. Sur place, on retrouve une série de chiffres mystérieux qui semblent prédire l’emplacement du prochain crime. Kosuke Nitta de la police métropolitaine de Tokyo, chargé d’élucider l’affaire, pense avoir résolu l’énigme du lieu et se rend à l’hôtel Cortesia de Tokyo afin d’identifier le coupable. Naomi Yamagishi, une réceptionniste de l’hôtel est chargée de faire équipe avec Nitta. A mesure que l’enquête avance leur relation est mise à l’épreuve. Inspiré d’un roman policier à succès de l’écrivain Keigo Higashino, précédemment adapté au cinéma par Shinji Aoyama avec Lakeside Murder Case (2004), Masquerade Hotel est un divertissement enjoué à la “Agatha Christie” dont la distribution d’ensemble en a fait l’un des grands succès de l’année au box-office japonais.

Avis : Masquerade Hotel nous a servi son lot de surprises ! Seul blockbuster de la sélection, à la façon de la super-production canadienne Ocean Thirteen, ce film au casting “all-star” selon les termes de celui qui est derrière sa confection, réserve aux personnes les moins familières avec le cinéma japonais une clé d’entrée aisée pour apprécier un plot dynamique et inattendu, sauf pour les aficionado des comédies et films d’actions qui ont, on le suppose, rapidement démasqué l’assassin. Ce qu’on salue au delà du jeu d’acteur bien maîtrisé et des caractères bien interprétés pour une adaptation de l’ouvrage de Keigo Higashino, c’est autant les clichés du genre de l’équipe de choc (une réceptionniste imperturbable bien décidée à rester fidèle à la politique de l’hôtel et à ses convictions, une tenue de groom que revêt le cadet du commissariat, et un enquêteur insoumis, prêt à en faire voir de toutes les couleurs à sa subordination) que cette impression d’être pris dans un huis-clos où les indices sont si évidents qu’ils en deviennent invisibles. Si cette production risque d’en laisser certains sur leur faim, elle n’en reste pas moins une comédie accessible à savourer en famille !

Autres oeuvres du réalisateur : GTO (1999), Ninja Hattori-kun (2004), HERO (2007) !

♣ Siblings of the Cape

 

Pays d’origine : Japon
Nom original : 岬の兄妹
Nom romanisé : Misaki no Kyodai
Année de sortie : 2019
Durée : 89 minutes
Genres : drame
Réalisateur : Shinzo Katayama
Acteurs principaux : Yuya Matsuura, Misa Wada, Masayasu Kitayama, Yutaro Nakamura

 

 

Synopsis : Yoshio tente de subvenir aux besoins de sa sœur Mariko, handicapée mentale avec laquelle il vit dans un appartement miteux d’une petite ville côtière. Lorsque Yoshio perd son emploi à cause de son invalidité, le foyer se retrouve dans le dénuement le plus complet. C’est alors que pour survivre, Yoshio va commencer à prostituer sa soeur en sollicitant des clients de passage. Conte cruel et sans concessions, Siblings of the Cape dépeint avec vitalité et crudité les marges de la société à travers les vicissitudes d’une fratrie dysfonctionnelle tout en questionnant handicap et sexualité.

Avis : Mieux vaut attacher sa ceinture et avoir inhalé une grande bouffée d’air frais pour ce drame qui s’annonce d’une violence étonnante et déstabilisante. Shinzo Katayama fait allégeance à l’esprit sans pitié des cinéastes japonais, en proposant une performance crue, au plus proche d’une nature humaine fragmentée, déséquilibrée, enchaînée à des structures inconscientes, forcée de succomber au poison d’un serpent tentateur. Méfiez-vous du résumé qui ne prête pas serment à l’oeuvre, qui s’annonce beaucoup plus intense à mesure que l’intrigue avance : prostitution, tourmente, psychose, démence et plus encore caractérisent ce tableau d’une descente aux enfers familiale, où le monde déjà anéanti d’un frère épuisé par la précarité d’une réalité sociale dépeinte avec objectivité et sincérité, par le poids de la responsabilité vis-à-vis d’une sœur cadette handicapée, s’embrase quand la limite est franchie, quand le cœur d’un homme dit non, alors que le corps d’une femme est condamné à dire oui. Le film ne présente aucun pathos, simplement une crise existentielle brute et subalterne, colorée par une sensibilité japonaise accrue vis-à-vis d’un paysage, d’une mer (comprenez aussi “mère”) en retrait, mais pourtant toujours présente… 

Le réalisateur a fait ses premiers pas dans le cinéma auprès du célèbre Bong Joon-ho  !

♣ The Promised Land

 

Pays d’origine : Japon
Nom original : 楽園
Nom romanisé : Rakuen
Année de sortie : 2019
Durée : 129 minutes
Genres : drame
Réalisateur : Takahisa Zeze
Acteurs principaux : Go Ayano, Hana Sugisaki, Koichi Sato, Nijiro Murakami, Reiko Kataoka

 

 

Synopsis : Comme chaque jour, Aika et Tsumugi, deux écolières rentrent ensemble et se quittent à une intersection. Mais un jour, Aika disparaît mystérieusement sans laisser de traces. 12 ans après, Tsumugi adolescente se sent toujours coupable, lorsqu’une nouvelle disparition d’enfant survient faisant ressurgir d’anciens traumatismes. La suspicion et la paranoïa gagnent la communauté et se dirigent vers Takeshi, un jeune zainichi (japonais d’origine coréenne) qui vend des produits recyclés et vit seul avec sa mère. Puis c’est au tour de Zenjiro, un apiculteur qui vit à proximité du lieu des disparitions d’être pris comme cible. Nouvelle adaptation d’un roman à mystère de l’écrivain à succès Shuichi Yoshida, à qui l’on doit Rage adapté au cinéma par Lee Sang-il, The Promised Land combine thriller et drame social pour nous plonger dans les recoins les plus sombres de la société japonaise.

Avis : C’est avec grande surprise qu’on retrouve Go Ayano, le protagoniste de Family Of Strangers dans un film signé Takahisa Zeze, un réalisateur qu’on affectionne particulièrement pour sa maîtrise du genre. Et dans le genre drame, on a “la terre promise”, une chasse à l’homme angoissante et presque révoltante tant le non-conventionnel devient un symbole de délinquance et de criminalité. Le plus du film ? Son rapport à la communauté, sa musicalité et son intrigue de thriller texturé. Les zones d’ombres, nombreuses, viennent affecter l’interprétation de ce  long-métrage encore difficile à saisir dans toutes ses nuances, alors mieux vaut être téméraire pour s’aventurer dans cette découverte bouleversante ! Encore une fois, le réalisateur exhibe ce rapport du japonais à la communauté, autochtones, à la terre, des hommes qui viennent du même endroit, où le symbole d’appartenance se définit à ces terres cultivées, à l’implication active dans la vie communautaire, au rapport à son fudo (milieu). Le film parvient même à titiller davantage notre curiosité en laissant un écho planer sur des sujets qu’il soulève avec encore un peu de pudeur et de timidité, notamment la question du zainichi (du japonais issu de descendance coréenne) pointé du doigt au moindre faux-pas, dont le destin est finalement scellé dès le départ, malgré les faux-semblants… 

Autres oeuvres du réalisateur : Moon Child (2003), 64 (2016), The Chrysanthemum and the Guillotine (2018) !

♣ Family of Strangers

 

Pays d’origine : Japon
Nom original : 閉鎖病棟―それぞれの朝―
Nom romanisé : Heisa Byoto
Année de sortie : 2019
Durée : 117 minutes
Genres : drame
Réalisateur : Hideyuki Hirayama
Acteurs principaux : Tsurube Shofukutei, Go Ayano, Nana Komatsu, Kiyohiko Shibukawa

 

 

Synopsis : Trois patients victimes d’un lourd passé sont internés dans un hôpital psychiatrique de la préfecture de Nagano. Chu, un jeune homme fébrile est victime d’hallucinations auditives. Hidemaru, un ancien condamné à mort devenu invalide après avoir survécu à son exécution est cloué dans son fauteuil. Yuki, une jeune adolescente recluse tente de se suicider à peine arrivée. Tous affrontent le quotidien jusqu’à ce qu’un meurtre vienne perturber l’équilibre fragile régnant au sein de l’institution, forçant chacun à affronter ses traumatismes. Adaptation d’un roman primé du romancier et psychiatre Hosei Hahakigi, Family of Strangers est un drame bouleversant interrogeant les conditions d’enfermement et de vie des patients atteints de troubles mentaux.

Avis : A l’évidence, ce poème mélancolique en image est l’un des films les plus marquants de la sélection. En deux heures émergent du long-métrage les principes d’une nature humaine les plus difficiles à résoudre, au fondement d’une réalité terrifiante, et pourtant si bien dépeinte. Exécuter un criminel déjà exécuté ? Une famille d’étrangers plus légitime que les liens de sang ? A qui revient la responsabilité d’un crime ? A t’on le droit au pardon ? Une fille  victime de la haine de sa mère, elle-même victime de domination ? La souffrance justifie t elle l’enfermement sans consentement ? Toutes ces questions sont d’autant plus déchirantes qu’elles se retrouvent au croisement de trois -ou devrait-on dire quatre- histoires, de trois individus d’une beauté sans égale, dont la pureté a été violentée, retirée, abîmée et abusée, de trois victimes traversées par des considérations éthiques, des conflits, des injustices, par l’abandon d’une famille et par le besoin essentiel d’en retrouver une. Assommé par toute la tendresse qu’on peut porter à cette famille d’inconnus qui se découvrent dans un hôpital psychiatrique, qui apprennent à s’aimer, il est si facile de se laisser submerger par les émotions. Family of Strangers est un portrait cathartique d’une réalité japonaise dure et camouflée par les faux-semblants, où le choix n’est parfois ni même une liberté fondamentale ni même un droit. Mais pour nos trois protagonistes, l’expression “on ne choisit pas sa famille” est bien loin de faire partie de leur vocabulaire, pour le plus grand bonheur des spectateurs… Vous n’avez donc plus de raison de passer à côté de ce drame sublime !

Autres oeuvres du réalisateur : The Games Teacher’s Play (1992), Begging for love (1998), OUT (2002) !

♣ Talking the Pictures

 

Pays d’origine : Japon
Nom original : カツベン!
Nom romanisé : Katsuben!
Année de sortie : 2019
Durée : 126 minutes
Genres : historique, business
Réalisateur : Masayuki Suo
Acteurs principaux : Ryo Narita, Yuina Kuroshima, Masatoshi Nagase, Kengo Kora, Mao Inoue

 

 

Synopsis : Aux débuts du cinéma muet au Japon, la projection de films est accompagnée en plus de l’orchestre d’un benshi, également appelé katsuben en japonais. Véritables stars, ils commentent et expliquent les dialogues, interprétant à la fois le narrateur et les personnages. Leur prestation est si impressionnante que cette tradition ralentit l’arrivée du cinéma parlant au Japon, rendant leur performance plus attractive que le film lui-même. Shuntaro et Umeko, deux enfants d’origine modeste, sont fascinés par le cinéma autour duquel ils se lient. L’un souhaite devenir benshi, et l’autre actrice. Dix ans plus tard leurs destins vont se recroiser dans des circonstances inattendues. Sorte de Cinema Paradiso célébrant le cinéma japonais d’antan, Talking the pictures est un passionnant voyage dans le temps entremêlant romance, action, burlesque et film de reconstitution.

Avis : Le soleil d’or de l’année est bien loin d’être une imposture, à contrario de ce qu’il ose faire croire ! Talking The Pictures révèle déjà en lui toute la dimension spirituelle de son art, mené par le katsudo-benshi, celui qui raconte les images : un point culture dont on se fait immédiatement preneur et dont on apprécie en remonter l’origine par sa reconstitution moderne. Cinéphiles ou amateurs de la culture de l’archipel, filez droit dans les théâtres pour visionner cette oeuvre parodique, qui vous déclenchera à coup sûr de grands fous rires, tant la description du cinéma d’époque, où les photos en mouvement avaient besoin d’un maître prêt à divertir le public avec une aisance oratoire et une érudition transmise par son maître, est faite avec humour, et avec brio ! Le jeune protagoniste, débrouillard, quoique trouillard, est pris à son propre jeu du benshi manipulateur, conteur d’histoire. Le pari du réalisateur est réussi : avec des scènes pittoresques qui réunissent les formules d’époque, où le yakuza côtoie l’inspecteur à peine inspiré des westerns et où la maladresse n’en est que plus attendrissante encore, on ne peut que s’éprendre d’un personnage, qui malgré la mascarade montée dont il est la figure principale, à la suite d’événements hasardeux, parvient à faire tout ce pour quoi un passionné s’évertue à travailler avec acharnement : la réalisation d’un rêve d’enfant !  

Autres oeuvres du réalisateur : Fancy Dance (1989), Sumo do, Sumo don’t (1992), Lady Maiko (2014) !

♣ First Love

 

Pays d’origine : Japon
Nom original : 初恋
Nom romanisé : Hatsukoi
Année de sortie : 2020
Durée : 108 minutes
Genres : thriller, action
Réalisateur : Takashi Miike
Acteurs principaux : Masataka Kubota, Nao Omori, Shota Sometani, Sakurako Konishi, Becky

 

 

Synopsis : Une nuit à Tokyo, nous suivons Leo, jeune boxeur qui rencontre son “premier amour”, Monica, une call-girl toxicomane mais toujours vierge. Leo ne sait pas grand-chose et Monica se retrouve bien malgré elle impliquée dans un trafic de drogue. Les amoureux vont se retrouver poursuivis au cours d’une nuit par un policier véreux, un yakuza, son ennemi juré et une tueuse envoyée par les triades chinoises. Tous ces destins convergent vers un ballet anarchique d’une violence hyperbolique qui fit le succès du dynamiteur du cinéma de genre nippon il y a près de vingt ans.

Avis : Takashi Miike a placé la barre très haute avec ce film ! On connaît le réalisateur pour sa fougue et son esprit délirant et bien, avis à tous les amateurs d’action et de comédie, ce long-métrage saura satisfaire vos attentes. Dans le genre amour romanesque qui résiste à toutes les épreuves, même à celle d’une violence délinquante, First Love assure bien sa place. On sort du placard les clichés du genre, mais toujours avec la virtuosité d’un réalisateur qui sait trouver le parfait équilibre. Le scénario risque bien de vous rendre addict tant il est bien ficelé et l’ennui se fait la malle, puisque le film ne vous laissera aucun répit, que ce soit d’un point de vue visuel ou sonore. Plonger dans First Love, c’est plonger dans l’univers atypique d’un Takashi Miike qui n’a pas peur de faire tordre de rire les spectateurs, avec des histoires toujours plus déjantées et horrifiques, à la Yakuza Apocalypse. Avec First Love, le réalisateur joue la carte de l’enfant plus sage tout en vous emportant dans la frénésie de sa cinémathèque, entre action, gore, et romance.

Autres oeuvres du réalisateur : Yatterman (2009), 13 Assassins (2010), Yakuza Apocalypse (2015) !

♣ Under the Turquoise Sky

 

Pays d’origine : Japon & Mongolie
Nom original : ターコイズの空の下で
Nom romanisé : Takoizu no sora no shitade
Année de sortie : 2020
Durée : 97 minutes
Genres : drame
Réalisateur : Kentaro
Acteurs principaux : Yuya Yagira, Amra Baljinnyam, Akaji Maro, Sarantuya Sambuu, Tsetsgee Byambaa

 

 

Synopsis : Takeshi, un jeune fils à papa sans but, est envoyé par son grand-père malade, un important capitaine d’industrie, dans les steppes arides de Mongolie dans le but d’y retrouver sa fille qu’il n’a plus revue depuis la fin de la guerre. Guidé par Amaraa, un voleur de chevaux mongol, le duo atypique embarque dans une aventure surréelle et loufoque à travers les couleurs vibrantes et saturées de paysages infinis. Ce road trip fait de rencontres et d’expériences surprenantes, prend la forme d’un voyage initiatique pour Takeshi qui découvre un mode de vie inimaginable auparavant pour lui. Lorsque Amaraa est arrêté par la police, Takeshi est contraint de poursuivre seul sa route sur les traces de sa parente disparue, vers une nouvelle identité et un véritable sentiment de liberté.

Avis : C’était l’un des long-métrages les plus attendus du festival : avec une tête d’affiche interprétée par Yuya Yagira, jeune prodige récompensé au Festival de Cannes pour sa prestation dans Nobody Knows signé Hirokazu Kore-Eda, Under The Turquoise Sky est une grande invitation au voyage. Le dépaysement total offert par des endroits somptueux de la Mongolie fait écho à l’onirisme du scénario et de scènes presque érotiques tant elles caressent les sens. Le film rappellerait même certains traits surréalistes de l’ouvrage de Boris Vian, L’écume des jours, puisque à travers ce voyage on the road, il rend hommage à tout ce qui fait la beauté d’un film qu’on présente dans un festival de cinéma contemporain, dont cette liberté apprivoisée par la folie et l’imagination d’un réalisateur de talent qui, pendant longtemps, était lui aussi sur le devant de la scène. Avec sa désinvolture, on trouverait presque à Yuya Yagira un air d’un River Phoenix d’antan… Alors, envie de vous envoler ?

Le réalisateur a débuté dans le cinéma en tant qu’acteur !

Related posts

Nuit Incolore dévoile Insomnia, son nouvel EP délicat et bouleversant

Nuit Incolore en concert au Trianon le 12 avril !

[NOS COUPS DE COEUR] Les découvertes de l’équipe #122