[TOP 10] Corée du Nord : ce que les médias mainstream n’ont aucun intérêt à vous raconter ! #26

L’équipe de CKJ a l’habitude de vous parler de la Corée du Sud, sur le plan musical mais aussi sur le plan culturel, mais c’est aujourd’hui une part de l’Histoire de son frère ennemi au Nord que l’on va vous raconter !

Aujourd’hui, la Corée du Nord est en pleine célébration (performances artistiques, parades militaires, discours politiques) car le 10 octobre marque une date anniversaire, celle de la fondation du Parti, créé en 1945 à la suite d’une conférence dont a fait partie le premier leader du régime nord-coréen, Kim Il-sung.

Cette date importante pour la Corée du Nord est aussi l’occasion pour notre équipe de vous parler un peu plus amplement de la Corée du Nord, en adoptant un point de vue que les médias de masse ne prennent pas, ou trop peu. L’intêret de ce top n’est bien entendu pas de vous montrer que la Corée du Nord est une terre paradisiaque, ou un lieu touristique tendance et parfait pour vos prochaines photos Instagram. L’intérêt est avant tout de pouvoir vous exposer une part de vie méconnue (mais pas moins intéressante) de ce morceau de la péninsule coréenne, puisque comprenez-le bien, la presse non-spécialisée dans l’Asie ou la Corée n’a aucun intérêt à soulever ces points qui ne sont pas aussi clickbait que de parler dictature et missiles à longueur de journée.

En espérant vous en apprendre plus sur la Corée du Nord, bonne lecture à tous !

Sommaire :

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♣ La possibilité de divorcer

♣ Le président éternel Kim Il-sung

♣ L’accès à la culture occidentale

♣ L’une des meilleures bières au monde

♣ La frontière avec la Russie

♣ La mise en avant du bien-être

♣ Les retrouvailles des familles séparées

♣ La ligne ferroviaire vers la Corée du Sud

♣ L’équipe sportive commune avec le Sud

♣ Le service militaire féminin

♣ La possibilité de divorcer

Dans un pays qui met en avant l’effort collectif et réprime les libertés individuelles comme la Corée du Nord, difficile de s’imaginer via un point de vue occidental à quoi ressemble réellement le quotidien d’un Nord-coréen lambda. Bien que la pays reste une dictature, nul doute là-dessus, et même si les parades militaires et le Parti sont au coeur du quotidien des habitants du Nord de la péninsule, le système judiciaire existe bel et bien et offre malgré tout le droit de divorcer aux couples qui ne souhaitent plus vivre mariés.

Divorcer reste malgré tout une affaire un petit peu compliquée. Car même si c’est légal de rompre un mariage, divorcer reste plutôt mal vu et vécu comme un échec dans une société qui ne laisse pas sa place à l’erreur. Lorsque les couples nord-coréens souhaitent divorcer, ils sont ainsi fortement dissuadés par l’entourage, le voisinage, mais aussi les officiels, notamment le juge en charge de l’affaire. Le but étant au final de faire en sorte que la société reste ordonnée, et que la productivité des citoyens ne soit pas stoppée à cause de problèmes familiaux et personnels.

 Crédits photo : rfa.org & Cho Sang-won via Korea Times

♣ Le président éternel Kim Il-sung

Beaucoup de médias actuels vous parlent bien évidemment du dictateur Kim Jong-un, actuellement à la tête de la Corée du Nord, mais saviez-vous que la personne au statut le plus élevé de la société nord-coréenne reste encore aujourd’hui Kim Il-sung, son grand-père, même 25 ans après sa mort ?

Né le 15 avril 1912, Kim Il-sung a eu dès la fondation de la République populaire démocratique de la Corée un impact majeur sur le pays, en faisant un personnage adulé et respecté, à plus forte raison à titre posthume avec toute une propagande à son image. C’est en 1948, après la division de la Corée – qui elle-même a fait suite à l’occupation japonaise et à la Seconde Guerre Mondiale -, que Kim Il-sung prend le pouvoir et développe la doctrine du Juche (auto-suffisance dérivée du communisme de Staline), dans le but de construire une Corée du Nord forte et indépendante du reste du monde. Kim Il-sung a cédé le leadership du pays à son fils Kim Jong-il à sa mort en 1994, qui lui-même a été remplacé par son propre fils Kim Jong-un en 2011. Si la gestion du pays est confiée au Parti, et donc au leader en fonction, Kim Il-sung reste le “président éternel” dans la constitution nord-coréenne, ses descendants assurent donc des postes aux noms différents pour ne pas empiéter sur les fonctions de Kim Il-sung, qui continuent au-delà de la mort.

 Crédits photo : Russia Beyond & NATO Association of Canada

♣ L’accès à la culture occidentale

Contrairement aux idées reçues, largement promulguées par la presse étrangère non spécialiste, pays fermé (même autant que la Corée du Nord) ne veut pas dire absence totale de biens et documents étrangers dans le Nord de la péninsule coréenne !

Il est bien connu que le Parti considère l’Occident comme une terre de débauche et de dépravation, où l’excès gangrène la productivité et le bon comportement des citoyens – les États-Unis étant en première ligne de mire de la Corée du Nord sur la critique de cette façon de vivre. Mais quelques Nord-coréens ont accès à la culture occidentale de manière légale (citons par exemple les étudiants) ou des personnes dont les métiers s’y prêtent, comme les écrivains qui ont un accès privilégié à la littérature classique occidentale. Les bibliothèques existent donc bien et ont des oeuvres étrangères à disposition, et si Harry Potter n’est pas forcément sur les étagères des jeunes Nord-coréens, la censure de la culture étrangère n’est pas aussi radicale qu’on pourrait le croire. À noter aussi que plusieurs autres aspects de la culture occidentale deviennent tendance en Corée du Nord, comme la cuisine à grands renforts de pizzeria et de fast food, ou encore les contrefaçons de marques de vêtements américaines qui y pullulent de plus en plus.

 Crédits photo : Eric Lafforgue via Daily Mail

♣ L’une des meilleures bières au monde

Jusqu’alors, quand on parle de leaders en matière de bière, on évoque inévitablement la Belgique ou l’Allemagne, mais désormais, la bière est aussi une affaire nord-coréenne. Taedonggang, un nom peut-être pas inconnu pour les amateurs de la boisson blonde ou ambrée, est la brasserie la plus reconnue de Corée du Nord, et l’une des marques les plus prisées au monde.

Coup de pub ou non, Taedonggang s’impose comme l’un des nombreux caprices de Kim Jong-il. Née en 2000, Taedonggang est une réponse positive à l’amélioration des relations diplomatiques avec l’Occident, dont l’Allemagne. C’est en 2002 que la distillerie voit officiellement le jour, près de Pyongyang. Quatre marques de bières y sont produites, mais la vedette est la bière à 5° jusqu’à ce que Kim Jong-un, fidèle à la personnalité extravertie de son père, réclame l’invention d’une nouvelle technique de brassage, réputée “meilleure pour le goût et l’odeur de la boisson“. Cette nouvelle bière exceptionnelle s’est popularisée quelques jours avant la cérémonie d’ouverture des J.O de PyeongChang, après l’annulation du festival de la bière de Pyongyang quelques mois plus tôt – qui avait connu sa première édition en 2016.

Les experts de la bière s’arrachent ce joyau, emblématique d’une avancée économique étonnante de la Corée du Nord sur la scène internationale, et ne manquent pas d’en faire un triomphe de la grandeur tant recherchée du gouvernement. Distribuée pendant une courte période dans certaines brasseries de Corée du Sud, Taedonggang sera peut-être fidèle à l’expression de l’écrivain québécois Louis Gauthier, “l’alcool est l’aspirine de l’âme”.

 Crédits photo : October & Japan Times

♣ La frontière avec la Russie

La frontière des frères ennemie, imposée au 38ème parallèle à la fin de la Seconde Guerre Mondiale lors de la division de la péninsule, et sûrement l’une des frontières les plus célèbres du monde, car malgré son appellation de “zone démilitarisée”, elle est paradoxalement l’un des endroits les mieux gardés de la planète. Mais la Corée du Nord partage aussi une frontière avec un autre de ses ennemis, une limite beaucoup moins connue par sa taille, mais pas moins importante.

Sur une petite vingtaine de kilomètres au Nord-est de la Corée du Nord, le pays partage donc une frontière commune avec la Russie. Les deux pays, séparés naturellement par le fleuve Tumen, sont reliés via le Pont de l’Amitié, qui fait le lien entre les villes de Khassan (côté russe) et Tumangang (côté nord-coréen). À noter que, malgré le nom idyllique de ce pont, l’endroit n’est franchi quasi exclusivement que par les Russes et les Nord-coréens, bien que des étrangers aient déjà essayé d’y passer. Ce pont représente également un enjeu économique majeur pour la Corée du Nord, qui pourrait établir dans les années à venir de plus importants échanges commerciaux avec la Russie suite à une envie des deux gouvernements d’apporter une rénovation importante de ce pont. Cette connection directe entre les deux pays leur permet aussi de passer outre la Chine, qui a encore aujourd’hui des relations intimes avec la Corée du Nord et la Russie, et a un impact majeur sur les relations inter-asiatiques depuis de nombreuses décennies.

 Crédits photo : Korea Konsult & Rational Preparedness

♣ La mise en avant du bien-être

Encore une fois, dictature et régime totalitaire ne riment pas uniquement avec gouvernement inhumain et répression de l’extrême. Il faut aussi s’imaginer que dans un pays, aussi cruel et baigné d’injustices soit-il, bon nombre de citoyens n’ont rien demandé concernant le climat politique et essaient de vivre un quotidien des plus banals ; plus les années passent, plus il est d’ailleurs important de noter que les nouvelles générations n’ont connu que la dictature depuis leur naissance, un climat inévitable malgré une (encore très timide) prise de conscience générale auprès de la masse populaire nord-coréenne.

Pour contrôler le peuple, le gouvernement a ainsi mis en place des clubs de toutes sortes, de quoi permettre aux gens de relâcher la pression, de se sentir libres, et donc d’être plus efficaces dans leur approche au travail la semaine, puisqu’ils ont évacué les tracas du quotidien via des activités sympathiques sur leur temps libre. On y retrouve tout un tas d’activités différentes, notamment dans le domaine artistique (peinture, musique etc). Même si la cause cachée par le gouvernement pour la tenue de ces clubs (qu’il finance intégralement par la même occasion) n’est pas vraiment louable, ces hobbys ont quand même le mérite de changer les idées des gens, et de leur permettre un épanouissement personnel loin de la tension quotidienne et de l’oppression. Difficile de juger donc s’il s’agit ici d’une bonne initiative ou non…

 Crédits photo : Secret Compass & earth nutshell

♣ Les retrouvailles des familles séparées

Le 20 août 2018, une date qui restera à jamais dans la mémoire des familles coréennes séparées par la Guerre de Corée, une date qui marque aussi des retrouvailles, émouvantes, essentielles entre les déchirés de la guerre fratricide de 1950. Pourtant, après vingt séries de ces réunions de famille menées depuis les années 2000, seule une petite poignée de personnes peuvent encore prétendre avoir retrouvé leur famille. Parmi les 130 000 demandes sud-coréennes, le 20 août, c’est un petit nombre de 89 élus qui se retrouve pour la zone démilitarisée, chanceux de passer 3 jours avec les proches qu’on leur a arrachés. Parents, frères, oncles et tantes se rendent compte qu’un monde les sépare et que le gouffre est bien plus profond que celui imaginé.

Malgré tout, ces retrouvailles, instaurées par les diplomates nord et sud-coréens prouvent l’intention de panser les blessures des innocents d’une guerre, qui souhaitent simplement partir en paix avec l’image d’une famille heureuse, malgré la frontière les isolant. Ces retrouvailles sont pour beaucoup l’occasion d’échanger sur les modes de vie et de revenir sur les traumatismes encore saisissants de leur jeunesse, dans une mise à nu complète et dans l’espoir de rattraper un peu de temps perdu.

 Crédits photo : CBS News & The Independent 

♣ La ligne ferroviaire vers la Corée du Sud

La rupture entre les deux Corées est loin d’être totale, encore plus depuis que les deux nations ont montré leur volonté de mener une diplomatie qui tend à améliorer leurs relations. Exemple premier : le rétablissement de la ligne inter-coréenne le 17 mai 2007. Le réseau de transports ferroviaire, pour quoi faire ?

Rétablir des liaisons de transports entre la Corée du Nord et la Corée du Sud représente un enjeu économique et éthique important. Si en 2007, deux convois franchissent la zone coréenne démilitarisée avec 50 passagers nord-coréens et 100 passages sud-coréens, 10 ans plus tard, en 2018, un train transportant à son bord des ingénieurs et hauts-placés sud-coréens franchit la frontière afin de repenser l’instauration partielle de lignes de train entre les deux régions. Plus qu’un atout économique déjà prouvé par le biais de l’institution d’une ligne sur 11km allant de la région sud-coréenne à la zone de Kaesong au Nord, recréer des liens au niveau du réseau de transport est une avancée morale majeure : les deux nations semblent presque prêtes à voir transiter leurs citoyens et à permettre des échanges économiques et humains, en bref à reconnecter les deux pays. Est-ce une décision symbolique ? Assurément !

 Crédits photo : UPI & Washington Post

♣ L’équipe sportive commune avec le Sud

Si les deux Corées ont connu plusieurs périodes de détente au cours de l’Histoire, et que nous sommes à nouveau dans un passage un peu plus calme pour les relations diplomatiques, force est de noter que la culture – et notamment le sport – aident à rapprocher les peuples et les États.

Ainsi, les équipes sportives du Nord et du Sud ont eu l’occasion à plusieurs reprises de défendre la Corée ensemble lors d’évènements internationaux, se battant sous un même étendard qui affiche d’ailleurs clairement son unicité, avec un dessin de la péninsule coréenne en bleu, sur un fond blanc aspirant à la paix. C’est ainsi en 1991 que les deux pays ont connu cette entente sportive sans précédent pour la première fois, lors du championnat du monde du tennis de table, où les équipes féminines ont uni leurs forces dans la compétition. La même année, ce sont les hommes pour la coupe du monde de football des moins de 20 ans qui ont également eu cette initiative. Si d’autres projets d’équipe unifiée ont été envisagé par la suite, plusieurs sont malheureusement tombés à l’eau dans les périodes où les Corées ont été en conflit plus houleux.

Heureusement, l’année 2018 a vu les relations entre le Nord et le Sud s’améliorer, et plusieurs évènements internationaux ont accueilli une équipe unifiée coréenne ; on pourra bien évidemment citer les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de PyeongChang (Corée du Sud), qui ont permis aux frères ennemis de revenir unifiés, et même à la Corée du Nord de venir défendre son propre pays au Sud. La péninsule coréenne finira-t-elle par avoir une équipe unifiée fixe pour chaque discipline sportive ?

 Crédits photo : BBC & Hindustan Times

♣ Le service militaire féminin

La militarisation au service du sentiment national est sans conteste un mot d’ordre en Corée du Nord ! Bien évidemment, le service militaire pour les garçons dès qu’ils atteignent l’âge de 16-17 ans est une chose indéfectible. Pour autant, avez-vous déjà entendu parler du service militaire féminin ?

C’est en 2014 que des débats ont commencé à voir le jour autour de la question de l’obligation du service militaire pour les femmes. Rappelons que jusque-là, les femmes pouvaient accéder au devoir militaire de manière totalement volontaire afin de combler au déficit de moyens humains d’une armée qui est pourtant l’une des plus massives au monde, avec plus de 1 million de militaires actifs et 9 millions de réservistes. Mais depuis 2014, Pyongyang considère la nécessité d’intégrer complètement les femmes à la conscription militaire, et au service de la nation, et ce dès 17 ans. Contrairement à celui de leurs homologues masculins, le service militaire des femmes ne s’effectue que jusqu’à 23 ans. Si la Corée du Nord a vocation à développer son économie et son arme nucléaire (politique du Byongjin) après s’être assurée d’avoir construit une armée solide au pouvoir capital (politique du Songun), le rôle militaire n’en reste pas pour le moins l’un des fondements premiers de l’équilibre de sa nation. Menace ou non supplémentaire pour les autres puissances, l’enrôlement militaire féminin est capital pour un pays qui élève dès le berceau ses citoyens au devoir envers la souveraineté.

 Crédits photo : Daily Mail & Korea Exposé

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